Tout être humain est animé par des mouvements et des schémas d’énergie riches, éclatants, et puissants. Nous pouvons découvrir ces paysages subtils d’énergie en nous-mêmes. Nous pouvons éprouver leur profondeur, et résonner avec leurs vibrantes harmonies. Méditer sur l’espace de cette résonance nous permet de retrouver une dimension de vitalité extraordinaire, que nous croyons perdue depuis l’enfance. Bien que ces paysages d’énergie interne soient un territoire familier aux yogis et aux yoginis tibétains avancés, ils ne sont pas pour autant hors d’atteinte pour nous. N’importe qui, sérieusement motivé, et qui s’engage à une heure d’exercice physique journalier et de méditation, découvrira par des visions momentanées un horizon intérieur vaste, puissant d’éclat et de présence.
Jusqu’à récemment, les Occidentaux n’ont pas associé le Bouddhisme tibétain aux méthodes physiques de libération. Toutefois, alors que les Lamas de la tradition Nyingma ont maintenant commencé à répandre plus largement le Dharma en Occident, ils ont pensé utile de présenter les méthodes de l’entraînement secret des maîtres yogis, ceux là mêmes qui demeuraient autrefois solitaires dans les montagnes. Le terme “Dzogchen” veut dire “totalité” ou complétude, et se rapporte à ce qui est naturel et libre à la base de la condition individuelle de tout être humain. Cet état de “Dzogchen” – ou de clarté innée – est toujours là, dans sa totalité et sa complétude – il attend tout simplement d’être mis à jour. Le Dzogchen, en tant que neuvième et ultime voie du Bouddhisme tibétain, est lié aux trois classes de Tantras intérieurs, mais diffère considérablement de la forme ritualiste et liturgique des autres Tantras. Certaines méthodes enseignées par les Lamas du Dzogchen ont beaucoup en commun avec le Hatha Yoga de l’Inde, mais comprennent aussi des exercices physiques spécifiques que l’on ne trouve nul part ailleurs, de l’Est à l’Ouest. Tel est le cas en particulier d’un cycle d’exercices psychophysiques comme le sKu-mNyé ( prononcer “skoom-nyay” ), qui veut dire “massager le corps d’énergie”. Le corps d’énergie est appelé système Tsa-Lung au Tibet. Le tsa-lung est un système unique propre à la tradition Vajrayana. Le mot fait allusion aux “tsa”, les nerfs subtils ( ndt. Skt., “nâdi” ), et aux courants d’énergie qui y circulent, le “rLung”. Il existe plusieurs systèmes de sKu-mNyé propres aux écoles bouddhistes tibétaines, mais le sKu-mNyé d’Aro Lingma est le seul qui soit directement relié au Dzogchen. La fondatrice de cette lignée, Khyungchen Aro Lingma ( 1886-1923) était une Lama de la tradition Nyingma. Elle fut un “gTértön”, un découvreur de “trésors” secrets et reçut ses révélations directement de la grande yogini Yeshé Tsogyel, alors même qu’elle était encore enfant. Yeshé Tsogyel est un Bouddha dont les émanations sont apparues au Tibet à partir du neuvième siècle, et ce jusqu’à nos jours encore. Une des révélations visionnaires d’Aro Lingma est le système “sKu-mNyé” enseigné actuellement par Ngakpa Rinpoché et Khandro Déchen – un couple d’enseignants mariés de l’école Nyingma du Bouddhisme tibétain vivant dans la région de la Baie de Glamorgan en Galles du Sud.
Question : Est-ce que le sKu-mNyé de la lignée Aro est semblable au sKu-mNyé tel qu’il est connu, par exemple, par le livre de Tarthang Tulku “La relaxation Kum Nye” ?
Khandro Déchen : Non, c’est un système distinct. Cela peut surprendre, mais il existe systèmes de “sKu-mNyé”. Par exemple Ngakpa Rinpoché en connaît un qui existe dans l’école Gélugpa du Bouddhisme tibétain et qui est une sorte de combinaison de Hatha Yoga et Pranayama indiens. C’est aussi très différent du système de Tarthang Tulku. Il est même possible que toutes les écoles aient des formes de sKu-mNyé propres.
Question : Ont-ils tous le même principe ?
Ngak’chang Rinpoche : On pourrait le penser, mais non ! Le mot “sKu-mNyé” est à la fois un mot très précis, et un terme qui couvre tout une gamme d’exercices bio-énergiques. C’est comme le mot “rigpa”. “Rigpa” peut vouloir dire la connaissance ou simplement l’intelligence – comme dans “zo-rigpa” qui veut dire : la connaissance associé avec un art – ou il peut vouloir dire : présence de conscience dans la continuité d’état d’Esprit au travers de ce qui survient et se dissout. C’est la définition d’après le Dzogchen …
Khandro Déchen : … donc quand nous utilisons le mot sKu-mNyé, c’est un peu comme si on utilisait le mot “exercice”. Si quelqu’un dit qu’il fait des exercices physiques, vous ne pouvez pas être vraiment sûr de quel genre d’exercices il s’agit. Cela pourrait être de l’aérobic, de la gymnastique, de l’haltérophilie, ou autre chose. Le mot sKu-mNyé est utilisé dans l’Aro gTér comme le principe de génération d’expériences profondes de l’essence des éléments. Décrire précisément cela serait trop technique dans le cadre de notre présente discussion, mais je dirais que les autres formes de sKu-mNyé sont d’avantages reliées à la maîtrise du souffle respiratoire comme moyen de stabiliser l’esprit conceptuel. Ces pratiques sont propres aux Tantras. Le sKu-mNyé d’Aro Lingma fait parti du cycle de “Long Dé”. Il est complètement lié aux méthodes produites pour transformer le fonctionnement de l’esprit conceptuel.
Question : Pourriez-vous donner une illustration de ce qu’est le sKu-mNyé ?
Khandro Déchen : Les techniques sont remarquablement variées. Certains exercices sont physiquement très doux, et quelques-uns tellement semblables à l’aérobic que l’on pourrait qualifier celui qui les pratique d’athlète. Certains nécessitent une force et une agilité considérables, mais généralement une aptitude physique moyenne est suffisante. D’autres sont même si aisés que presque n’importe qui pourrait les pratiquer sans aucune difficulté. Quelques exercices “sKu-mNyé” sont de simples postures assises, accompagnées de mouvements très lents. D’autres encore exigent une coordination surprenante, et un sens particulièrement abouti de l’équilibre. [ rires ] Quelques-uns sont vraiment si exceptionnels qu’il serait assez dur de les décrire en détail. Je dirais que les exercices du sKu-mNyé présentent une gamme extraordinairement variée, adaptables à tous les types de corps et niveaux de souplesse. Cela les rend très flexibles et susceptible d’être pratiqués en tout lieu et à tout âge de la vie. Ils sont certainement très différents d’autres exercices physiques que l’on rencontre dans les diverses voies spirituelles. La meilleure façon de vous les présenter est peut-être de vous en donner une démonstration !
Question : C’est assez difficile de s’imaginer quelque chose qui pourrait être si différent des autres formes d’exercice physique. Est-ce qu’il y a quelque chose qui ressemble à cela, comme les mouvements d’équilibre intérieur du Ta’ï-Chi ?
Ngak’chang Rinpoche : Rien, en fait, ne ressemble au sKu-mNyé … ce n’est pas comme le Ta’ï-Chi … Nous avons enseigné a des gens qui avaient une grande expérience du Ta’ï-Chi, et qui ont découvert que le sKu-mNyé exigeait un sens très différent de l’équilibre.
Question : Diriez-vous que l’approche dans l’équilibre est différente ?
Ngak’chang Rinpoche : Oui. Au moins pour le sKu-mNyé et le Ta’ï-Chi.
Question : Est-ce que vous diriez aussi cela de sKu-mNyé et du Hatha Yoga ? Ngak’chang Rinpoche : Je ne connais pas le Hatha Yoga de l’Inde … nous n’avons jamais enseigné à des personnes ayant une grande expérience du Hatha Yoga. Je ne sais pas quelles seraient les différences parce que je n’ai jamais pratiqué le Ta’ï-Chi ; mais je dirais qu’il peut s’agir du fait que le “sKu-mNyé” travaille sur le sens interne de l’orientation, alors que cela ne paraît pas être présent dans le Ta’ï-Chi. Cependant… quelqu’un m’a dit que des aspects du sKu-mNyé étaient identiques au Chi-Qong du point de vue de la coordination des mouvements. D’après ce que j’ai vu du Chi-Qong, je dirais la recherche d’une ressemblance ou d’une similitude est en grande partie inutile. Je pense que c’est meilleur de garder un cloisonnement entre ces systèmes différents. Les ressemblances extérieures entre systèmes peuvent réellement déformer la juste compréhension que nous devrions pourtant en avoir – surtout si la compréhension que nous avons de chacun d’eux manque en plus de maturité. Dans le sKu-mNyé, les yeux ont une grande importance. Les yeux sont gardés grand-ouverts et immobiles, ce qui constitue une part majeure de l’exercice en lui-même et de la méditation qui le suit. Les mouvements rapides du torse, des bras, et des jambes sont assez caractéristiques ; mais l’aspect le plus exceptionnel est le mouvement en cercle de la tête.
Question : Je crois qu’il y a aussi un exercice de rotation de la tête dans Yoga Hatha.
Ngak’chang Rinpoche : Oui, mais dans le sKu-mNyé le cercle reste très petit. Imaginez que vous tracez un cercle avec la pointe de votre nez – la circonférence ne devrait pas être plus grande que celle d’un pouce ( 2.54cm ). Il est difficile de conserver une rotation aussi minime, parce que la tendance naturelle est de faire de grands cercles. La combinaison parfaite de l’immobilité oculaire et d’une rotation minime de la tête prend du temps, mais se trouve favorisée par la capacité à “fixer l’espace”. “Fixer l’espace” est un concept qui mérite d’être expliqué. Cela ne signifie pas : “se concentrer sur rien” ; pourtant, il n’y a pas non plus d’objet tangible ou de surface utilisable comme point de référence et sur lesquels rester centrer.
Question : Tout cela semble vraiment un peu difficile. J’imagine que l’on doit passer un temps considérable à s’entraîner avant d’être capable de faire cela. Quel est le but des rotations dans le sKu-mNyé ?
Ngak’chang Rinpoche : Deux activités biologiques distinctes sont visées par les rotations. Premièrement, il y a le regard. La méthode du regard fixe désoriente l’esprit conceptuel. Deuxièmement, la rotation. Les rotations massent les “Tsa”, les nerfs spatiaux, mais elle le fait à travers des mouvements plutôt qu’à travers le contrôle du souffle, comme dans les autres yogas. Quand l’esprit conceptuel est désorienté, nous nous ouvrons à une perception d’expériences extraordinaires qui sont suscitées par le massage des canaux. Il y en a de nombreux dans le cou, reliés à l’œil – les rotations activent les “Tsa” et les ouvrent en même temps à une dimension expérentielle où peuvent être obtenues des visions comme celles que nous avons en rêve.
Question : Est-ce que cela veut dire que nous nous mettant alors à voir de façon inusuelle ?
Ngak’chang Rinpoche : Possible mais ici le mot “vision” renvoie à un tout autre sens. Au début, c’est la vision tactile qui domine. Après, les autres modes sensuels suivent progressivement jusqu’à ce que des expériences visuelles sui-generis aient commencé à se produire. Cela semble difficile, mais n’importe qui, si il est vraiment motivé, peut faire l’expérience des canaux et de leur énergie. Vous passez alors d’une sensation de vertige à une autre – mais ces sensations ont tendance à survenir seulement quand vous n’êtes pas concentré sur la perception de l’espace. Apprendre à “fixer dans l’espace” est crucial dans le “sKu-mNyé”, donc c’est important de pratiquer les exercices du regard en premier. Vous devez faire cela pour empêcher vos yeux de chercher les formes extérieures comme coordonnées pour se repérer dans la réalité habituelle, alors même que l’expérience vise justement à les dissoudre.
Question : Ce doit être précieux pour la méditation.
Ngak’chang Rinpoche : Oui. C’est quelque chose de crucial dans les exercices de la série “Long Dé” du Dzogchen. Les yeux sont très importants dans le système Dzogchen. Les yeux sont toujours en rapport avec ce qui se passe au niveau de l’esprit ( ndt. activité mentale ) et de la nature de l’Esprit. En fait ce n’est pas les yeux qui recherchent les formes – c’est l’esprit conceptuel qui les cherche au dehors. En fait, l’esprit conceptuel recherche des formes à travers tous les sens pour se maintenir.
Question : “esprit”, “nature de l’Esprit”? Est-ce que vous pourriez expliquer cela ? Quelle est la différence?
Ngak’chang Rinpoche : “esprit” avec un petit “e” est le niveau conceptuel – c’est l’esprit dont nous faisons l’expérience lorsque nous cogitons avec nos pensées, modèles, collections de modèles liés à nos habitudes. En tibétain, c’est “sem”, l’esprit avec un petit “e”. Le grand “E” ou Esprit, c’est “sem-nyid”, ou ‘la nature de l’Esprit”. C’est la base ou espace sans fin de l’Esprit. Faites attention : l’esprit, ou “sem”, est réellement très différent de la nature de l’Esprit, ou sem-nyid – c’est simplement un plus petit espace dans un espace plus vaste. L’éveil se produit quand on découvre le goût unique des deux. C’est le but essentiel de l’Aro gTér sKu-mNyé.
Question : Est-ce que cela signifie que l’on doit aller au-delà de la pensée ?
Khandro Déchen : Oui, c’est un aspect de l’entraînement. Ce serait certainement utile dans l’entraînement de sKu-mNyé si vous pouviez permettre aux pensées de se dissoudre. Mais avec le sKu-mNyé la pensée n’est pas vraiment un problème. Les exercices ont tendance à faire sauter les tendances à conceptualiser.
Ngak’chang Rinpoche : Dans le sKu-mNyé nous nous entraînons en utilisant les sens et les champs de perception de chaque sens, plutôt que d’essayer d’échapper à la pensée. Nous apprenons à fixer les expérience des sens. Nous gardons les sens immobiles face au monde externe. Nous utilisons les phénomènes naturels autour de nous comme une partie du processus menant à la dissolution des points de référence qui alimentent l’esprit conceptuel. Nous obtenons cette dissolution par la “pratique d’intégration dans le mouvement des éléments” : eau, feu et air.
Khandro Déchen : Cette exercice utilise le fait que nous nous attachons toujours à des points de référence dans notre activité mentale conceptuelle. Nous nous accrochons à ces points de référence pour déterminer ce qui est vrai, mais un tel mécanisme sape réellement la vitalité de notre existence et obscurcit la vivacité de notre perception.
Question : Aussi, comment pourrais-je mettre en œuvre cette “pratique d’intégration dans le mouvement des éléments” , par exemple avec l’élément eau ?
Khandro Déchen : Allez vous asseoir au bord de la mer ou d’une rivière. Concentrez-vous sur le détail de la surface de l’au jusqu’à ce que vous l’ayez perçu très clairement et dans un ton tranchant. Accommodez alors votre regard pour empêcher vos yeux de se déplacer. Les muscles de l’œil traquent habituellement les objets par un mouvement en arrière et en avant le long de la ligne de leur mouvement. Nous faisons l’expérience de la paralysie de ce mécanisme en voiture, lorsque nous regardons par la fenêtre et que tout devient flou.
Question : Oui ! J’ai vu cela ! Quand vous regardez quelqu’un qui observe par la fenêtre d’un train, ses yeux bougent en rythme. Ils paraissent sauter dans la direction avant du train, puis revenir en un bon en arrière. Et c’est complètement inconscient évidemment, n’est-ce pas ?
Khandro Déchen : Oui. Mais dans le sKu-mNyé nous prenons à rebours cette l’habitude volontairement pour transformer notre conscience. Nous essayons de geler continuellement les mouvements du regard. Vous savez quand votre regard est brouillé parce que la surface de l’eau est floue ou que le décor défile trop rapidement par la fenêtre du train.
Question : Donc nous pourrions pratiquer ceci comme un exercice quotidien ?
Khandro Déchen : D’une certain façon …
Ngak’chang Rinpoche : Mais c’est particulièrement important de se souvenir que le flou en question est dû à la vitesse et non pas celui que nous recherchons dans la pratique de fixité oculaire. Donc, dans notre exemple de regarder fixement dans l’eau, l’eau est floue parce que nos yeux se sont pas accommodés et restent fixes.
Khandro Déchen : Ce n’est pas parce que vous regardez mal la surface de l’eau que vous voyez flou. Cela arrive parce que vos yeux ne bougent pas.
Ngak’chang Rinpoche : L’impression que vous auriez, serait comme celle d’une photographie prise à une vitesse d’obturation lente. C’est une des meilleures façons de s’entraîner à la fixité oculaire.
Khandro Déchen : Le “focus de l’espace” consiste à apprendre à se sentir bien même quand nos yeux n’ont pas d’objet référentiel sur lequel se concentrer. Cela paraît difficile au début, mais ce n’est pas difficile. C’est en fait plus facile que d’apprendre à maîtriser le regard. Il y a une méthode assez simple. Vous étirez votre bras et vous vous concentrez sur votre index. Alors, quand vous avez fixé votre regard sur le doigt, vous baissez votre bras et maintenez votre vue dans la même position. Chaque fois vous vous retrouvez en situation de fixation occulaire référentielle sur des objets distants, élevez simplement encore vos bras et concentrez-vous sur votre doigt. Vous continuez à répéter ce processus jusqu’à le “focus” non-référentiel dans l’espace juste devienne un simple réflexe simple.
Question : N’est-ce pas mauvais pour les yeux ?
Khandro Déchen : ( rires ) Non, c’est réellement un très bon exercice pour les muscles de l’œil. Les yeux de Ngakpa Rinpoché continuent à bien fonctionner, malgré des années de pratique.
Ngak’chang Rinpoche : Surtout quand vous développez la capacité à figer votre regard et vous concentrer sur la perception de l’espace. Dans le sKu-mNyé vous faites les deux à la fois, donc c’est bon de pratiquer les deux avant même les rotations crâniennes.
Question : Est-ce que cela ne pourrait pas déranger mentalement certaines personnes ?
Khandro Déchen : Oui. Peut-être… mais seulement quelqu’un qui aurait persisté dans les exercices sans instruction d’un professeur. C’est important, même à un niveau purement physique.
Ngak’chang Rinpoche : Je me souviens quand Khandro Déchen et moi avons enseigné le sKu-mNyé dans l’Ohio. Il y avait une dame, un professeur de danse formée dans un ballet de danse contemporaine. Elle avait aussi été formée au Hatha Yoga, au Ta’ï-Chi, et au Chi-Qong. Elle avait pratiqué l’aérobic occidental, l’athlétisme, et le “Callanetic” – elle était musclée, souple, et même, très en forme. Elle était très excitée d’apprendre un nouveau système physique, et a bien participée à la retraite. Elle a appris le sKu-mNyé rapidement et facilement, et à la fin de la retraite elle était très enthousiaste pour continuer à pratiquer, mais … Elle est venue nous voir quelques jours plus tard avec des douleurs. Nous lui avons conseillé d’aller vraiment doucement avec le sKu-mNyé, parce qu’il travaillait avec des groupes de muscles qu’elle n’avait jamais utilisés auparavant. Elle a été vraiment surprise par cela. Elle avait imaginé que, du fait de sa souplesse, elle pourrait pousser les exercices au-delà des limites que nous avions recommandés.
Question : Donc vous devez être vraiment très prudent.
Khandro Déchen : Oui. Vous devez agir en conscience. Vous devez considérer les exercices avec grand respect. Il n’y a de gagné si vous êtes très souple, que vous pouvez aller très rapidement dans les séries d’exercice. Naturellement, si vous êtes en bonne forme, cela aide – n’importe qui peut pratiquer aussi longtemps qu’il est relativement doux avec lui-même. Si la dame en question avait compris cela, elle n’aurait eu aucun problème avec le sKu-mNyé grâce à la grande variété de travail corporel qu’elle avait faite dans le passé. Je pense que c’est quelque chose à garder en tête.
Ngak’chang Rinpoche : Oui. J’imagine que ce serait de même pour un praticien de “sKu-mNyé” s’initiant au Hatha Yoga. Les exercices sont très puissants. Vous devez continuer avec conscience, et avec le conseil d’un professeur. Il est aussi important de bien intégrer la période de méditation qui suit chaque exercice, elle devrait durer trois fois le temps des entraînements physiques du sKu-mNyé.
Question : Est-ce que les exercices du sKu-mNyé ont une structure que vous pourriez décrire dans les termes simples ?
Khandro Déchen : Il y a 111 exercices en tout. Ils sont divisés en catégories animales, et les animaux sont liés aux cinq éléments : terre, eau, feu, air, et espace. Les exercices ne sont pas particulièrement imitatifs des mouvements animaux, bien que parfois la ressemblance soit apparente. Ils sont divisés en cinq ensembles de 21 – 21 pour chacun des cinq animaux. Les animaux ne sont pas tous familiers aux Tibétains ; trois sont des animaux imaginaires. Par exemple, les séries du lion sont reliées à l’élément terre ; ceux du vautour avec l’eau ; ceux du tigre avec le feu ; ceux de l’aigle avec l’air ; et ceux du “khyung” avec l’espace.
Question : “Khyung” ?
Khandro Déchen : Le “khyung” est un des animaux imaginaires. Les gens connaissent peut-être mieux le nom sanskrit “garuda” On le voit sur les avions de la compagnie aérienne indonésienne. Le “khyung” est “l’aigle d’espace” – un oiseau multicolore qui a des cornes et des bras. Le lion est le mythique “lion des neiges” – une créature blanche avec une crinière verte coulante. L’aigle, aussi, est un animal imaginaire. Il devrait être appelé “khalding”, qui veut dire le “prâna-aigle”.
Ngak’chang Rinpoche : “Prâna” ou “rLung” en Tibétain, c’est le souffle subtil ou “vent” de l’espace qui circule dans les “Tsa”, les nerfs spatiaux du corps énergique subtil, formant un système complet s’étendant partout dans le corps.
Khandro Déchen : Les “Tsa” principaux du corps se trouvent : sous les aisselles ; dans les coudes ; les poignets ; les paumes des mains ; entre les doigts ; les plantes des pieds ; derrière les genoux ; l’intérieur des cuisses ; l’estomac ; le cou et, en général, dans toutes les régions décrites comme zones érogènes.
Question : Est-ce que les “Tsa” sont les méridiens de l’acupuncture ?
Khandro Déchen : Oui, à certains égards, mais le modèle est très différent de celui des méridiens de l’acupuncture et fonctionne quelque fois dans des circuits d’énergie différents. Le “sKu-mNyé” stimule les “Tsa” et fait se déplacer le “rLung” stagnant. Quand le “rLung” recommence à se déplacer, les gens ont tendance à redevenir vivant ou à se réveiller de façon surprenante. Par analogie avec le système des méridiens de l’acupuncture, on pourrait dire que le “sKu-mNyé” ressemble à un système d’acupressure. Les mouvements physiques rythmiques affectent les méridiens de la même façon qu’une pression des doigts ou du poing
Question : Khandro Déchen, vous avez dit qu’il y avait 111 exercices …
Khandro Déchen : Oui, et vous en avez compté seulement 105 en cinq ensembles de 21.
Question : Oui. Ainsi il y a des autres ?
Khandro Déchen : Oui. Les exercices cachés…
Ngak’chang Rinpoche : … les six dragons.
Question : Pourquoi est-ce que les dragons sont appelés des exercices cachés ?
Ngak’chang Rinpoche : Oui … Pourquoi est-ce que les dragons sont appelés des exercices cachés ? ( rires )
Khandro Déchen : Les exercices du dragon ne sont enseignés qu’aux étudiants qui maîtrisé les 105 autres exercices. Les dragons combinent tous les éléments d’après des configurations qui reflètent les styles de rapport des six Tantras.
Question : Quels sont-ils ?
Ngak’chang Rinpoche : Krya, Upa, Yoga, Maha, Anu et Ati. Ce sont les six niveaux de rapport avec le la conscience-existence – l’entraînement au yoga visionnaires qui invite à s’identifier avec une image d’une divinité symbolisant votre propre éveil. Désolé de ne pas pouvoir en dire plus au sujet de cela ( rires ) ! C’est un sujet intéressant. Disons que chaque étape reflète quelque chose de la psychologie du développement qui existe entre parent et enfant. Au niveau Krya le pratiquant est un bébé et l’être-conscience ( divinité ) visualisé est un être infiniment sage et compatissant qui se manifeste comme un parent. Ce rapport évolue jusqu’à ce que l’enfant devienne un adulte qui a un rapport d’adulte avec le parent. Bien sûr, c’est une simplification …
Khandro Déchen : Les exercices du dragon sont cachés jusqu’à ce que les étudiants aient intégré les autres 105 postures à un point où ils ont une experience suffisamment exacte de leur systèmes d’énergie. C’est très utile comme garde-fou, parce que seulement ceux qui atteignent les exercices du dragon peuvent devenir des enseignants de sKu-mNyé. Nous ne permettons pas à quelqu’un d’apprendre les exercices du dragon tant qu’il n’a pas compris le spectre complet de ce qui peut se manifester avec le sKu-mNyé.
Question : Dites-nous quelque chose de général au sujet des dragons qui nous donnerait une indication de ce en quoi il peuvent différer des autres exercices du sKu-mNyé.
Ngak’chang Rinpoche : Oui, les dragons sont pratiqués par des couples masculin/féminin. Ils ne sont pas sexuels dans le sens habituel du mot, mais ils opèrent à un niveau où les énergies mâles et féminines miroitent l’une avec l’autre.
Khandro Déchen : Si vous confondez ces exercices avec le plaisir sexuel, vous serez probablement plutôt déçu. La nécessité d’opérer en couple ne doit pas être comprise dans un sens romantique, mais comme le moyen d’obtenir des niveaux d’expérience méditatif sur le fonctionnement de l’énergie.